L’Assommoir
Gervaise avait attendu Lantier jusqu’à deux heures du matin. Puis, toute frissonnante d’être restée en camisole à l’air vif de la fenêtre, elle s’était assoupie, jetée en travers du lit, fiévreuse, les joues trempées de larmes. Depuis huit jours, au sortir du Veau-à-Deux-Têtes, où ils mangeaient, il l’envoyait se coucher avec les enfants et ne reparaissait que tard dans la nuit, en racontant qu’il cherchait du travail. Ce soir-là, pendant qu’elle guettait son retour, elle croyait l’avoir vu entrer au bal du Grand-Balcon, dont les dix fenêtres flambantes éclairaient d’une nappe d’incendie la coulée noire des boulevards extérieurs ; et, derrière lui, elle avait aperçu la petite Adèle, une brunisseuse qui dînait à leur restaurant, marchant à cinq ou six pas, les mains ballantes, comme si elle venait de lui quitter le bras pour ne pas passer ensemble sous la clarté crue des globes de la porte.
Unfold
– Tiens ! cria-t-il, c’est la b***e de la chaussée Clignancourt, déguisée en ours, avec des flafla...
Il restait accroupi devant la fenêtre, comme s’il avait suivi un cortège dans une rue, du haut d’une toiture.
– V’là la cavalcade, des lions et des panthères qui font des grimaces... Il y a des mômes habillés en chiens et en chats...……
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