Delly
Reads
Ce maussade matin de mars, quand j’entrai dans son bureau, Mme Lachaud m’accueillit par ces mots :– Préparez vos valises pour partir demain matin, Marie-Marthe.– Mes valises ? C’est pour un temps assez long, sans doute ?– Oui, je le pense, d’après ce que m’a dit le docteur Guyon-Latour.Et elle m’expliqua qu’il s’agissait d’une jeune fille amenée par son médecin à Clermont afin de consulter cet excellent praticien. Guyon-Latour avait prescrit un traitement assez compliqué, que pouvait seule appliquer une infirmière expérimentée.
Updated at
Reads
C’était un jardin de couvent, aux portes de Paris. Quelques échos des bruits de la grande ville franchissaient les vieux murs roux, fleuris de ravenelles, mais sans parvenir à troubler la douce quiétude de l’enclos ombragé et frais, où les oiseaux s’en donnaient à cœur joie, certains qu’ils étaient d’être peu troublés en ce second jour de vacances qui voyait s’éloigner les dernières élèves des Dames Dominicaines.Cependant, deux jeunes filles arpentaient encore lentement une allée ombreuse. À travers le feuillage touffu des marronniers, le soleil réussissait à glisser des flèches d’or qui venaient frapper les cheveux blonds très vaporeux de l’une, les cheveux bruns, un peu rebelles de l’autre. Cette dernière avait une physionomie animée et joyeuse et causait avec une extrême vivacité. Sa compagne lui répondait doucement, un peu mélancoliquement, et sur son charmant visage au teint délicat se lisait une tristesse ou une anxiété.
Updated at
Reads
Viviane remontait d’un pas alerte le petit sentier de douaniers qui suivait le bord de la falaise. Au-dessous d’elle, une mer paisible caressait de ses vagues paresseuses l’assise de granit dans laquelle, depuis des siècles, elle avait creusé d’étroits couloirs, des grottes, les uns et les autres jamais découverts, fût-ce aux plus basses marées. Une brume légère persistait à l’horizon, comme presque toujours sous ce ciel breton. Mais, autour de la jeune fille, sur l’onde mollement balancée comme sur la lande rude plantée de genêts, s’étendait la claire lumière d’un radieux soleil de mai qui tiédissait l’air vif aux senteurs de varech.Viviane, sans s’arrêter, consulta sa montre et eut un mouvement de contrariété.
Updated at
Reads
Flavio Salvi et le docteur Parville, son cousin, achevaient de déjeuner dans la salle à manger un peu obscurcie par les stores tendus devant les deux portes-fenêtres. Quelques coulées de lumière se glissaient jusqu’au parquet, jusqu’à la nappe tissée de rouge et de blanc, mais les deux jeunes hommes restaient dans la pénombre que parfumaient des roses pourpres et jaunes disposées dans une jatte de vieux Rouen.Le valet de chambre passa une coupe de fruits, versa dans les verres de cristal léger un vieux vin couleur d’ambre, puis disparut silencieusement. Flavio, tout en pelant une pêche, continua la conversation commencée.
Updated at
Reads
En quelques traits rapides, Raymond acheva le dessin commencé, puis il leva les yeux et regarda longuement la vue qu’il venait de reproduire.Il se trouvait sur une terrasse rocheuse, entourée de pins et de bouleaux. Le regard plongeait dans la gorge au fond de laquelle bouillonnait, invisible, la torrentueuse petite rivière ; en face, il rencontrait un roc énorme, couleur de fumée, strié de roux, dressé entre les sapins et les hêtres couvrant tout ce qui n’était pas la roche nue.
Updated at
Reads
En cet après-midi de fin juillet, le duc de Pengdale avait convié toute la jeunesse aristocratique du comté à une réception donnée pour le vingtième anniversaire de son fils unique, lord Charles Brasleigh. Des acteurs mondains occupaient le théâtre dressé dans la galerie de marbre, des couples dansaient dans les salons décorés avec une somptuosité princière, d’autres s’en allaient flirter à travers les magnifiques jardins d’Elsdone Castle dont l’entretien, disait-on, représentait une lourde charge pour le duc actuel, les revenus de celui-ci, probablement par suite d’une mauvaise gestion, étant devenus sensiblement inférieurs à ceux de ses prédécesseurs.
Updated at
Reads
Le premier appel, lancé d’une voix rude, témoignait déjà d’une certaine impatience ; le second se fit irrité, le troisième revêtit une intonation menaçante.Mais personne n’y répondit.Et la vieille servante, ses gros sourcils blancs furieusement froncés, rentra dans sa cuisine en grommelant :– Encore à courir, cette mauvaise bohémienne ! Attends un peu, je te recevrai comme il convient, tout à l’heure !Cependant, la voix d’Aglaja était fort bien parvenue aux oreilles de la destinataire. Mais la petite tête brune de Mirka avait répondu à l’appel par un mouvement de défi, et le maigre petit corps vêtu de vieux vêtements déteints s’était enfoncé plus commodément encore dans le trou creusé du hêtre centenaire où Mirka avait élu domicile.
Updated at
Reads
Le grand vieux logis des Fauveclare se mirait dans les eaux calmes du charmant petit lac appelé par tous, dans le pays, les Eaux Vertes. On y arrivait par une difficile route de montagne qui, partant de Favigny, petite cité comtoise, côtoyait des combes sauvages avant de se perdre dans une sévère forêt de mélèzes et de pins. La maison, baptisée elle aussi les Eaux Vertes, était bâtie sur l’emplacement d’une maison forte où vivaient, au seizième siècle, les ancêtres des Fauveclare, avant qu’ils ne descendissent s’installer dans le bourg, alors fortifié, de Favigny.
Updated at
Reads
Un domestique entra silencieusement et déposa sur le bureau le second courrier du matin. Odon, fermant le volume qu’il parcourait, éparpilla d’une main distraite les revues et les lettres. L’une de celles-ci attira son attention. Sur l’enveloppe large, de papier mince et ordinaire, une main certainement féminine avait inscrit l’adresse du marquis de Montluzac. Odon murmura :– Quelle aïeule m’écrit là ?... Oui, une aïeule, bien certainement, car on n’a plus de ces charmantes écritures, aujourd’hui.Il ouvrit l’enveloppe, sans hâte. Car il n’attendait rien de la vie. Depuis la mort du frère qui avait été son unique affection, il avait goûté à toutes les jouissances, et il ne lui restait au cœur que le vide, l’amer dédain de tout.
Updated at
Reads
Les hôtes d’Ogier de Chancenay prenaient le thé, en cet après-midi de septembre, sur le pont du yacht mouillé devant un petit port italien. Ils avaient sous les yeux le village, avec ses maisons disséminées dans un désordre pittoresque, ses jardins à demi cachés derrière le feuillage d’énormes figuiers chargés de fruits, ses bois d’oliviers et d’orangers caressés par le soleil déclinant. Des barques, leurs voiles rousses tendues, rentraient chargées de poisson, montées par des hommes au teint brun qui saluaient au passage les étrangers. Elles allaient s’amarrer le long du port, où les femmes aux cheveux sombres à moitié couverts d’un fichu écarlate se tenaient prêtes à enlever le produit de la pêche. Et des enfants aussi bruns que père et mère couraient, se poursuivaient, nu-pieds, en jetant des cris aigus, ainsi que les corneilles aux soirs d’été.
Updated at
Dear Reader, we use the permissions associated with cookies to keep our website running smoothly and to provide you with personalized content that better meets your needs and ensure the best reading experience. At any time, you can change your permissions for the cookie settings below.
If you would like to learn more about our Cookie, you can click on Privacy Policy.